Paris / Les Andelys / Crespin et le Hainaut belge

PARIS

Mathilde Delattre gagne à plusieurs reprise « la butte », sur les traces des artistes qui l’y ont précédée, pour peindre le Moulin de la Galette. C’est à 900 mètres à pied de chez elle via Pigalle et les Abbesses, ça grimpe, mais le métro n’ouvrira qu’en 1910 (ligne A, ancêtre de la ligne 12, 1930)

Moulin de la Galette, huile sur carton, 32 cm x 23 cm, localisation inconnue

lot de vente Drouot / Pichon & Noudel-Deniau (Cannes) 2017

Moulin de la Galette, huile sur panneau, 35 cm x 50 cm, collection personnelle

don de l’artiste à sa famille roubaisienne dans les années 1940. Les deux oeuvres représentent le Blute-fin, ici vu depuis l’impasse Girardon, vers 1900 vraisemblablement.

LES ANDELYS

Infatigable voyageuse de la ligne gare Saint-Lazare/Les Andelys, l’artiste se ressource fréquemment dans sa maison du « Hanneton », quartier la Rivière, Grand Andely, royaume des fleurs

Le Hanneton, aquarelle, Louise Leroy

Louise Leroy, élève et amie proche de Mathilde Delattre, livre ici probablement sa représentation de la maison de l »artiste.

... combien a de chance mon hanneton en cette fin de saison si merveilleuse, la vigne vierge flambe jusqu’au haut des pommiers & de l’un à l’autre ce ne sont que guirlandes, les rosiers refleurissent tous, les héliotropes (…) embaument, (…) les asters qui ont des tons lunaires font devant ma chambre un rideau de rêve.

Mathilde Delattre, octobre 1937

CRESPIN ET LE HAINAUT BELGE

Situé à l’extrême est du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, Crespin a su cependant rester un village. Le père adoptif de l’artiste en est originaire, et Mathilde Delattre y fera de très nombreux séjours chez son grand-père Alexandre Delattre, tonnelier, et chez ses oncles et tantes.

Outre les portraits de ses oncle et tante (1897), et le magnifique Chemin, derrière la propriété familiale, qu’elle idéalise dans une tonalité impressionniste en 1913, elle y commet de petits panneaux plus « ethnographiques », comme une représentation de l’église du village, ou, à la tombée du soir, les bâtiments sombres de la buanderie de la maison dont les fenêtres explosent des lueurs des feux qui chauffent les bassines à linge, ambiance qui semble l’avoir fort marquée.

Eglise Saint Martin de Crespin, 14 juillet 1908, aquarelle, 18 cm x 28 cm, collection particulière

Il s’agit bien de l’ancien clocher « à boule » du village, détruit par les Allemands en 1918. Curiosité du dos de l’encadrement.

La buanderie, Crespin 1913, huile sur panneau, 25 cm x 35 cm, collection particulière

inscription et cachet au verso

L’artiste ne manque pas d’explorer la proche Belgique, que ce soit sur un site ferroviaire remarquable de l’époque, ou pour rencontrer une collègue religieuse et peintre:

Sur cette aquarelle l’artiste a très probablement saisi le récent pont ferroviaire d’Autreppe (Belgique) à une vingtaine de km de Crespin. Aquarelle, 21 cm x18 cm, collection particulière. Fonds Atelier Mathilde Delattre, non signée, attribuée, 1910 ou postérieur.

Dans la voiture à cheval de l’oncle Delattre, toujours en 1913, Mathilde gagne le cloître des franciscaines d’Hautrage, en Belgique, à 13 km de Crespin, où, esprit libre, elle travaille à son intriguante série des « Religieuses »:

Hautrage (Belgique) 1913, huile sur panneau, 32 cm x 23 cm, travail préparatoire, collection particulière

pochade au dos

Le grand escalier, huile sur toile, collection particulière

Mathilde Delattre a-t-elle rétabli, en haut du grand escalier, dans les ruines de l’abbaye, la vierge de Cambron ?

Le bac. Huile sur panneau 22 cm x 31 cm, collection particulière

La tour représentée en haut à gauche suggère qu’il s’agit également du site de l’ancienne abbaye de Cambron dans le Hainaut belge. Cachet non identifié au dos.

La famille de ROUBAIX

sororités d'artistes et émancipation professionnelle féminine