Le choc artistique du premier conflit mondial; la « série bretonne », en route vers le « plein air »

Le choc artistique du premier conflit mondial; la « série bretonne », en route vers le « plein air »

En 1914 Mathilde Delattre a acquis une notoriété certaine dans les Salons et a de nombreuses élèves. Mais le conflit va entrainer une réduction drastique du nombre et de l’importance des expositions, même si l’UFPS parvient à maintenir une activité artistique a minima, développant des oeuvres de solidarité envers les blessés. L’activité d’enseignement dans les ateliers s’en ressent également fortement, les élèves ayant beaucoup moins la possibilité d’exposer. A l’Union, de nombreuses femmes artistes participent à l’effort de guerre en devenant infirmières dans les hôpitaux. Le Grand-Palais lui-même est transformé en hôpital militaire, et en 1916 c’est dans un format réduit, hébergé par la galerie Georges Petit, que l’UFPS décidera de reprendre ses expositions après une interruption en 1915. Le SAF lui ne se tiendra pas pendant la guerre, de nombreux peintres étant au front.

A gauche, l’artiste vers 1900 dans son atelier parisien, à droite en 1937 dans son jardin-refuge des Andelys. Les histogrammes donnent le nombre d’oeuvres accrochées. Après le succès de 1903 à l’aquarelle (en bleu) à l’UFPS, les huiles accrochées (en orange) deviennent plus rares. En 1915 le nombre d’expositions (courbe jaune) s’effondre en raison de la guerre.

On sait peut de choses encore sur Mathilde Delattre durant le premier conflit mondial, hormis qu’elle continue d’accrocher (uniquement à l’Union) de nombreuses roses, une marine et des natures mortes. Elle aura une maison à Crespin (Nord) jusqu’en 1914, le village sera ensuite occupé (et le clocher détruit, elle l’a représenté avant la guerre, voir plus haut). Elle séjourne en 1915, 1916 et 1918 à Perros-Guirec, dans la résidence de sa famille parisienne, où elle peint toute une série de « pochades » qui flirtent parfois avec une technique impressionniste, les paysages y supplantent un temps les fleurs, et cette période sera sans doute décisive dans l’évolution ultérieure de son oeuvre vers un style de plein air.

Son frère Georges est remobilisé de 1915 à janvier 1919 malgré sa constitution fragile, et médaillé. C’est sans doute à l’issue de la 1ère guerre que Mathilde acquiert sa propriété du Grand Andely où elle se rendra ensuite très souvent, entre Salons et enseignements, pour se ressourcer, cultiver et peindre les fleurs du jardin qu’elle y entretient.

« Pochades » saisies par Mathilde Delattre à Perros-Guirec durant la guerre 1914-1918.

sororités d'artistes et émancipation professionnelle féminine