La reconnaissance & les élèves

La reconnaissance, & les élèves

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Mathilde Delattre est remarquée par la critique pour ses portraits (dont celui de sa mère qu’elle expose en 1898), elle produit également de nombreux paysages. Mais c’est en 1903 au salon de l’UFPS qu’elle est consacrée « peintre de fleurs » avec une des premières oeuvres de sa série des « grandes floraisons », une aquarelle de 140 cm x 190 cm, « Dans un coin du parc », pour laquelle elle obtient le 1er prix de l’Union. Cette oeuvre, alors achetée par l’Etat, a une facture qui apparait quelque peu désuète aujourd’hui mais ne doit pas masquer le brio de l’aquarelliste dans sa réalisation, qui est alors souligné par de nombreux critiques: les uns y relèvent «une brillante dispersion de la lumière sur des roses, fraîchement épanouies, avec mille variétés de tons, enchevêtrées délicieusement par le pinceau de l’artiste»; quand pour d’autres «en dépit de leur entassement chaque fleur y prend sa valeur, (…) il y a une prestesse et une fraicheur qui achève de classer l’artiste au premier rang des peintres de fleurs». Cette grande aquarelle « exalte ironiquement, dans une moisson blanche qui jonche le sol, le Dieu même de la Nature, un vieux Pan au rictus énigmatique« , ajoutent d’autres. Il faut dire que les faunes sont alors tendance (il s’agit vraisemblablement d’un de ceux des jardins de Bagatelle, où travaille souvent l’artiste), Debussy en 1892 a donné « Prélude à l’après-midi d’un faune », inspiré du poème éponyme de Mallarmé, où un faune « bien seul s’offre pour triomphe la faute idéale de rose« …

Dans un coin du parc, 1er prix de l’Union, 1903 (musée d’Aurillac).

C’est la période des prix et des distinctions pour l’artiste. En 1899 à l’UFPS le Président de la République Félix Faure lui remet le «ruban violet» d’officier d’académie. Elle est médaille de vermeil à Charenton en 1901, devient sociétaire du SAF dès 1902, 3è médaille de ce même Salon en 1905, et Officier de l’Instruction publique la même année.

Elle ouvre alors son propre atelier au 17 rue Duperré, où elle aura des lors une importante activité de professeur d’aquarelle. De nombreuses élèves s’y pressent, avec qui des liens se nouent, l’artiste multiplie les réunions de comités pour introduire ses élèves aux différents salons, plus tard elles repasseront et achèteront des oeuvres pour la soutenir. Une trentaine de ces élèves exposeront aux différents Salons. En 1914, dix-huit élèves de Mathilde exposent à l’UFPS ! On peut citer Germaine Boy, qui participera à l’école de Savièse; Ysabel Minoggio qui fera une longue carrière, depuis de classiques aquarelles jusqu’à des tonalités plus « art déco »; etc… Mathilde Delattre devient aussi professeur au cours de la mairie du XVIIè. En 1910, après plusieurs tentatives, elle est élue une première fois, avec 125 voix et pour 3 ans, au Comité de l’UFPS.

Aquarelle d’une élève, fonds atelier Mathilde Delattre.

C’est durant cette période que Mathilde Delattre, malgré sa reconnaissance, ressent le besoin de devenir élève de Ferdinand Humbert, une sommité aux Beaux Arts, un artiste influent dans de nombreuses sociétés, et qui assure en 1900 le premier cours (non mixte) pour femmes, aux Beaux-Arts qui s’ouvrent enfin à elles. Mathilde est en effet dite à partir de 1906 dans les expositions son élève, outre H.E. Delacroix et G.C. Saint-Pierre, sans qu’on sache si elle a suivi ses cours aux Beaux Arts, ou plus probablement dans ses ateliers Boulevard de Clichy puis impasse Frochot dans le 9è.

Mathilde Delattre gained initially critical acclaim for her portraits (including one of her mother exhibited in 1898), and she also produced numerous landscapes and seascapes. However, it was in 1903, at the Salon de l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs, that she was officially recognized as a « flower painter » with one of the first works from her « Grandes Floraisons » series: a large watercolor measuring 140 cm by 190 cm titled In a Corner of the Park. The piece won her the Union’s First Prize and was purchased by the State. Although its style might seem somewhat outdated today, it should not overshadow the watercolorist’s brilliance — widely praised by critics at the time. Some described it as “a brilliant scattering of light across freshly bloomed roses, with a thousand shades delicately intertwined by the artist’s brush”; others noted that “despite the density, each flower stands out, (…) there’s a liveliness and freshness that firmly places the artist among the leading flower painters.” Others added that the large watercolor “ironically exalts, in a white harvest covering the ground, Nature’s very own God — an old Pan with an enigmatic grin” (fauns being in vogue at the time, and likely one from the Bagatelle gardens, where the artist often worked).

This marked a period of awards and recognition for the artist. In 1899, at the UFPS, the President of the Republic Félix Faure awarded her the violet ribbon of “Officier d’Académie.” She won a vermeil medal in Charenton in 1901, became a full member of the SAF in 1902, received the third medal at the same Salon in 1905, and was made “Officier de l’Instruction Publique” that same year. She then opened her own studio at 17 rue Duperré, where she began a prolific career as a watercolor teacher. Many students attended, forming close bonds with her. She actively participated in committee meetings to help introduce them to various Salons. Later, many would return to support her by buying her artworks. Around forty of her students would exhibit at various Salons. In 1914, eighteen of Mathilde Delattre’s students exhibited at the UFPS. Notable names include Germaine Boy, who would later join the Savièse school, and Ysabel Minoggio, who would go on to have a long career, evolving from classical watercolors to more Art Deco styles. Mathilde Delattre also taught at the municipal art course in the 17th arrondissement. In 1910, after several attempts, she was elected for the first time to the UFPS Committee with 125 votes, for a three-year term.

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