Femmes, aquarellistes et fleuristes aux Salons, fin 19è et début 20è

Le Journal des Artistes, 17 juillet 1912, autour de l’exposition de la Société de la Miniature, de l’Aquarelle et des Arts précieux, Galerie Brunner, 11 rue Royale: « Cette intéressante pléiade d’artiste a déménagé. De la rue de Séze elle a transporté ses pénates rue Royale (…) au nombre des aquarellistes il convient de ranger aussi trois fleuristes de talent : Melle Mathilde Delattre, dont le style sérieux, solide et de bon aloi ne gêne en rien les dons de charme et de grâce ; Mlle Odin à l’étourdissante habileté et Mme Dethan-Rouliet qui sacrifie aussi au paysage ». Jules de St Hilaire

Mathilde Delattre côtoyait d’autres grandes artistes dans les salons et expositions. La critique encensait parfois l’une, regrettant l’absence de l’autre, et vice-versa ! On peut citer parmi ces femmes de talent:

Mademoiselle Blanche Odin (1865-1957)

Nature morte au bol bleu, lot d’enchères, aquarelle 28 cm x 20 cm.

Blanche Odin est une virtuose du détail et des couleurs, mais certains lui reprochent justement sa trop grande exactitude, alors que l’aquarelle devrait laisser place aux « effets » que cette technique permet. Après avoir reconnu les fleurs somptueuses et violentes d’Eugénie Faux-Froidure, le critique Louis Paillard écrit à propos de l’exposition de la société des aquarellistes à la galerie G. Petit en 1912 (à laquelle est également remarquée Louise Leroy, élève et amie de Mathilde):

Le Petit Journal du 15 février 1912.

On retrouve de fortes similitudes dans les biographies et trajectoires de Blanche Odin et Mathilde Delattre (toutes deux enfants naturelles, aquarellistes passionnées et proches de leurs mères).

Notes d’Art et d’Archéologie du 1er janvier 1907.

Madame Eugénie Faux-Froidure (1866-1942)

Jetée de fleurs, lot d’enchères.

Eugénie Faux-Froidure eut – comme Mathilde Delattre – Gaston Casimir Saint-Pierre parmi ses maîtres. Elle fit partie avec Mathilde Delattre et « Nanny » Suzanne Adam-Laurens ou encore Fréderique Vallet-Bisson, vice-présidente de l’Union, d’une expérience avant-gardiste pour l’époque, celle des « XII », un collectif de femmes artistes exposant à la Bodinière à Paris, en 1899, 1900 et 1901:

La Chronique des arts et de la curiosité, volumes 1900 et 1901.

Au catalogue de l’exposition de 1898 de la Société Nationale d’Horticulture de France, des oeuvres de Mathilde Delattre (en haut, gravure d’après l’aquarelle Quarantaines) et d’Eugénie Faux-Froidure (en bas, photographie d’aquarelle) sont reproduites (© Archives SNHF).

Mathilde Delattre participa à ces expositions de la section Beaux-Arts de la SNHF (dont elle était sociétaire) de 1898 à 1914, puis au moins en 1932 (où son aquarelle Plein air fut acquise par l’Etat et orna l’ambassade de France à Washington de 1934 à 1958).

Le Journal des artistes, 13 mars 1904, à propos des aquarellistes florales du salon de l’Union, A.E. Guyon-Verax.

R. Ie Cholleux, La Revue septentrionale du 1er janvier 1911, à propos du Salon de l’Union.

Effets de plein air et de lumière de Mathilde versus précision d’Eugénie ! Emile Langlade, La Revue Septentrionale, 1er juillet 1913, à propos du Salon. La très jeune Lucie Muller (1896-1972) est élève de Mathilde Delattre.

Salon de l’Union de 1923: toutes deux présentent 6 hortensias ! Interprétation soulignée pour Mathilde, virtuosité reconnue pour Eugénie ( La France, 17 février 1923).

Madame Marie-Thérèse Dethan-Roullet (1870-1945)

Citrons et verre de Champagne, Aquarelle 35 cm x 45 cm exposée à l’Union, lot d’enchère.

Mademoiselle Antoinette Chavagnat (1859-1943)

Antoinette Chavagnat, lot d’enchères, 142 cm x 97 cm.

(à suivre)

sororités d'artistes et émancipation professionnelle féminine