Portraits croisés: Eugenia, Mathilde & Jeanne.
Eugénie Hauptmann-Sommer (1865-1933)
Eugénie Sommer, jeune portraitiste tchèque, se perfectionne à l’Académie Julian à Paris, et réalise le seul portrait connu de Mathilde Delattre, en juin 1890, Mathilde a 19 ans.
Eugénie Sommer, de quelques années l’aînée de Mathilde, deviendra Eugenia Hauptmannová-Sommerová en 1894; veuve en 1901, elle sillonnera l’Europe et les salons. Et fait son autoportrait vers 1914.

Autoportrait d’Eugénie Hauptmann-Sommer, vers 1913.
Comme Mathilde, c’est une femme indépendante ! Mathilde, en 1890, est également en formation, mais expose déjà, contrairement à Eugénie qui exposera à Prague en 1895, en France à partir de 1913, etc. Les deux jeunes femmes n’ont pas les mêmes maîtres, mais sans doute Mathilde avait-elle des amies à l’Académie Julian par l’intermédiaire desquelles elles ont pu se rencontrer.

Portrait de Mathilde Delattre par Eugénie Sommer, 1890.
On découvre sur ce tableau récemment restauré de jolies épaulettes roses très… florales ! Et une curieuse coiffure avec coiffe, on est plus habitué chez Mathilde aux chignons !)
Jeanne Tournay (1867-1932)
Cette fois c’est Mathilde qui réalise, en 1897, le portrait d’une autre collègue, Jeanne Tournay. Toutes deux sont élèves de Gaston Casimir Saint-Pierre, peintre orientaliste réputé, et comme il est de coutume dans les ateliers, les élèves réalisent le portrait de condisciples.

Portrait de Jeanne Tournay par Mathilde Delattre, 1897. Musée du Gévaudan – Ville de Mende.
Avant de l’offrir à son amie Jeanne, Mathilde expose ce tableau au salon de l’Union des femmes peintres et sculpteurs en 1897, et au salon des artistes français en 1898. Il reçoit un bon accueil critique:

Le Courrier du soir du 10 février 1897.
Jeanne Tournay devient portraitiste et peint de nombreuses collègues dont Marguerite Turner, Marguerite Arosa, etc., ainsi que des notables. En 1896, elle réalise en particulier le portrait du député de la Lozère, le docteur Maurice Bourrillon, qu’elle épouse en novembre 1899 à Paris; Humbert et Saintpierre sont témoins du mariage.
Mathilde et Jeanne Bourrillon-Tournay resteront collègues et amies. Jeanne, veuve, expose encore au Salon de 1932, mais, malade depuis plusieurs années, décède en octobre de la même année.
En 1931 la Société des Lettres Sciences & Arts de la Lozère reçoit le tableau de Jeanne réalisé par Mathilde dans le leg Bourrillon. Il est aujourd’hui présenté dans les collections permanentes du musée du Gévaudan – Ville de Mende.