Coin de jardin

Nature morte au pichet sous un pêcher, 55 cm x 38 cm, coll. particulière

Titre attribué. Lot d’enchère 2023 Le Floch / St Cloud.

Il pourrait s’agir d’une des cinq aquarelles accrochées à la Société des aquarellistes en 1911 dans la série Coin de jardin, Dans le jardin.

Certains aspects (comme les blancs opaques, les rendus mats, la finesse du rendu, la texture du fond qui suggère un travail en couches, etc.) pourraient cependant faire évoquer une technique a tempera plutôt qu’une aquarelle. On sait que l’artiste s’adonne à cette technique dans les années 1930. Il pourrait aussi s’agir d’une gouache légère.

Sur cette nature morte en extérieur, en été sous une lumière tamisée, la table forme un socle stable, tandis que l’arrière-plan végétal emplit une grande part de la surface, créant un effet d’immersion dans la nature. La superposition des feuilles et les variations de luminosité créent l’effet de profondeur. Surgissant des bleus évanescents, les touches orangées et jaunes des quelques fleurs sur la table attirent l’œil vers le centre. L’œuvre se rattache à l’ esthétique post-impressionniste, proche de celle de peintres tels que Henri Le Sidaner qui cultivent une peinture intimiste, lumineuse et poétique.

Cette oeuvre bleue se démarque des nombreuses variations sur les « coins de jardin » commises par Mathilde Delattre, par une certaine modernité. Cette peinture incarne un art de vivre bourgeois à la française, avec le calme, la lumière du jardin, le moment suspendu de la dégustation. Elle illustre la transition entre la peinture naturaliste du XIXᵉ siècle et la sensibilité décorative des années 1920-1930 (cf. aussi le design de la tasse). Mathilde Delattre serait-elle aujourd’hui taxée de Bourgeoise Bohême ?

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