De 1895 à Versailles à 1937 au Jeu de Paume, le design des catalogues retrace en lui-même toute l’évolution du siècle !
Société des amis des arts de Seine & Oise au château de Versailles, 1895

Mathilde Delattre expose dans ce beau cadre de 1895 à 1900
Société Nationale d’Horticulture de France, 1899


Mathilde Delattre accroche à la section « Beaux-Arts » de cette manifestation (alors très importante sur le plan économique) de 1898 à 1942. A droite, la gravure représente une des natures mortes miniatures (aquarelles) qu’elle présente dans un panneau de six. © archives de la SNHF
Salon des artistes français, 1901
L’artiste expose au Salon dès 1889, puis annuellement de 1897 à 1914, 1920 à 1940, 1942 et 1943.

pour le n°11, Tournesols, aquarelle

Médaille de vermeil 1901 de la Société artistique de Charenton pour Chez la fruitière, Mathilde reçoit un bel éphèbe…


Exposition particulière à la Galerie Georges Petit, 1927

« Je vous envoie en même temps que ces lignes (…) 1 ou 2 articles de journaux, parmi beaucoup que j’ai reçus à propos d’une exposition particulière que je viens de faire. Je joins aussi un catalogue & une carte d’invitation, afin que vous vous rendiez compte de ce que j’avais. J’ai eu au point de vue artistique un très grand succès, beaucoup de visiteurs chaque jour. Et l’ensemble faisait beaucoup mieux que ce que j’avais rêvé . De l’avis de tous, c’était, ou plutôt on entendait dire sans cesse : « quelle personnalité, quelle distinction, quelle variété »… « jamais de ma vie exposition de fleurs aussi particulière » etc.. etc !! Le jour du vernissage j’en ai vendu 12, et 27 en tout. C’est très beau, vu ce moment où les affaires sont si mauvaises ! Tous à la galerie m’ont dit que si j’avais fait cela un an plus tôt, j’aurais tout vendu. Mais toute ma vie, il est écrit sans doute que j’arriverai toujours trop tard. Néanmoins je suis très contente. Je rêvais cela depuis tant d’années & je ne pensais pas pouvoir y arriver, ce fut mieux que je n’aurais osé l’espérer ».
Cela m’a donné beaucoup de mal à préparer, & j’avais si peur de ne pas faire mes frais qui étaient énormes, que j’en étais malade. Puis ce fut si bien, j’y ai vu tant d’amis, j’ai eu tant de preuves d’estime artistique (…)
Mathilde Delattre, 1er avril 1927, à sa famille
Si elle considère qu’elle « arrive trop tard », l’artiste est en fait témoin en cette première moitié du XXè siècle d’une évolution notable dans le marché de l’art, qui se déplace alors progressivement des ateliers et des salons vers les galeristes et cette nouvelle profession des marchands d’arts. Dans une lettre de l’artiste en 1942, à propos d’une autre galerie:
« C’est une très jolie galerie, mais qui fait des prix effarants (…) ils font 10.000 frs des tableau pour lesquels je demande 3.500 ! » (…) Je viens de vendre d’autre part une petite aquarelle pour laquelle j’ai touché 600 frs & j’ai su que le marchand l’avait vendue 2.000. Ils disent, avec raison, que sans eux nous n’aurions pas vendu. C’est malgré tout excessif »


A propos du n°54 (ou peut-être du n°38): hier (26 mars 1940) j’ai vendu une aquarelle, bien inattendue aussi cela ! (…) une certaine orchidée, enrobée dans la fumée d’une cigarette (…) bien que j’y tenais à celle-là (…) sur fond noir & or, cadre de vieille glace, je l’avais faite, imprégnée de la lecture des « fleurs du mal » de Baudelaire »
A propos du n°55: aquarelle 55 cm x 63 cm, achat par l’état à l’artiste en 1928, en dépôt depuis le 02/04/1928 au Musée Nicolas Poussin (Les Andelys), probablement détruite dans l’incendie du musée lors des bombardements allemands du 8 juin 1940. FNAC 10390 Centre national des arts plastiques
Le « Vase aux deux roses« , étiqueté 57 (47 ?) est acquis lors de l’exposition par Louise Leroy, proche de l’artiste


La Revue Septentrionale, Mars-Avril 1927, pp. 83-4


1930, médaille d’or de Mathilde Delattre au Salon des Artistes Français pour son aquarelle Contre-jour.
(graveur Daniel Dupuis)
Les femmes artistes d’Europe exposent au jeu de Paume, 1937

Comme une entrée vers la modernité, le design de la couverture de ce catalogue a bien évolué depuis ceux de la première moitié du siècle ! Mathilde Delattre est admise, comme en point d’orgue à sa carrière, à cette exposition pionnière de femmes artistes d’Europe, expérience culturelle qui ne se renouvellera pas de sitôt, et jalon de société !
Quinze pays, et même des artistes apatrides, exposent 550 oeuvres. Mathilde y accroche le n° 107, Fleurs et fruits dans le jardin.
En 1900 et 1901 déjà, Mathilde Delattre avait fait partie de l’éphémère et audacieux collectif « XII », groupe de femmes peintres françaises et européennes qui s’associèrent un temps pour présenter leurs oeuvres; elle participa également en 1908 et 1909 aux expositions du Syndicat des femmes artistes à Enghien, et fut une figure importante de l’Union des Femmes peintres et Sculpteurs de 1897 à 1939; mais l’expérience du « Jeu de Paume » est un moment où son histoire individuelle d’artiste femme rejoint l’aventure sociétale de cette première exposition internationale entièrement dédiée aux femmes.

